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Histoire d’un homme Spatial

Découvrez l’incroyable biographie de Patrick Baudry.

Patrick Baudry Enfant

Patrick naît à Douala, au Cameroun, le 6 mars 1946. C’est donc sur la terre d’Afrique qu’il fera ses premiers pas. Lorsqu’il naît, il fait déjà partie d’une petite famille bien organisée. Ses parents, tous deux enfants de coopérants se sont connus au Cameroun. Roger, son père travaille tout à côté des pistes de l’aéroport en tant qu’ingénieur météorologiste et Odette a épousé Roger après que son père l’a eu ramenée de la pension dans laquelle elle étudiait en France pour rejoindre les siens. A Douala, Liliane et Nicole, les deux sœurs aînées de Patrick sont déjà nées et se révèlent, dès sa naissance, toutes prêtes à jouer les mères « supplémentaires ».

C’est compter sans le caractère du petit Patrick. Sa mère se rappelle d’un bébé avec – déjà – un solide appétit ! Mais ce qui marque la famille, encore aujourd’hui, c’est que dès que Patrick a pu marcher, il s’est mis à…courir, gambader, sauter, traverser, escalader ! Déjà il cherchait à aller plus loin, plus haut. Celui qu’elles avaient surnommé – il était alors le seul garçon de la famille – Petit Prince – sans savoir qu’elles avaient là une sorte de réflexe prémonitoire, allait bientôt se découvrir une passion pour un beau terrain de jeux à sa portée : les pistes d’aviation qu’il fallait traverser pour aller jusqu’aux bureaux de la météo de son père. Tout le monde cherchait tout le temps Patrick, mais, bien vite, ils surent tous où le retrouver. Et, cela ne déplaisait pas vraiment à son père de voir ce petit gamin intrépide dans les parages. Déjà, il écoutait avec plus d’attention les pilotes à la radio et il traînait sur le tarmac pour voir de plus près ces beaux avions qui le faisaient rêver.

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Une fois, pourtant, son père a eu réellement peur. Patrick avait grandi, et même s’il ne parvenait pas à atteindre les pédales de la voiture de service de la météo, son père avait fabriqué un système pour qu’il puisse la conduire. Mais jamais il n’avait été question qu’il conduise…seul ! Cela le tenta pourtant, et… il le fit ! Son pied dérapa et c’est l’aile d’un avion qui lui apparut très proche. Ce ne furent pas là les dernières remontrances de son père ! Patrick continua pourtant ainsi et fut très attiré par tout ce qui pouvait lui permettre d’aller plus vite. Il attendit, tout d’abord, très longtemps son premier vélo qui lui valut, lui aussi, quelques bonnes bûches mais aussi de longues heures de liberté incomparables ! Il les vécut à Casablanca puis à Alger où toujours traînant en route à la recherche de quelque coup pendable, il manqua de peu pourtant le bus qui devait le ramener à la maison et qui fut victime d’un attentat à la bombe ce jour là…. Il était donc certainement écrit qu’il devait poursuivre ses investigations sur les différents moyens d’aller toujours plus loin, plus vite, en France, par exemple, où le métier de son père, toujours, les ramena tous en 1956. À peine 10 ans, et, le vélo ayant déjà parcouru un tas de kilomètres, il rêva des motos lues et relues, fiches techniques apprises par cœur dans les magazines. Il essaya d’abord celles des amis, plus vieux que lui, avec lesquels il traînait du côté de Lacanau. La famille s’était agrandie entre-temps de Chantal et de Philippe, les deux petits derniers, et s’était établie à Eysines, près de Bordeaux, dans le Sud Ouest. Il allait mettre de longues années à retrouver Lacanau, mais cela se ferait, comme tout dans sa vie…à son heure. La bonne !

Moto, vélo, emprunts divers de voitures sans vraiment en avoir l’âge, son père dût quelques fois tenter de calmer un garçon juste un peu plus vivant que les autres ! Sans grand succès !

Enfin, que pouvait-il vraiment dire ? Patrick était premier, en tout, et cela agaçait tout de même pas mal de ses camarades de Grand Lebrun, l’institution religieuse de Bordeaux-Caudéran où il fit tout son secondaire. Premier partout, avec l’admiration de ses professeurs dans la voix même lorsque, n’ayant pas besoin de trop d’attention pour intégrer le cours, il faisait voler des avions en papier dans le cours de physique où, d’ailleurs, …il excellait !

Cependant, rien ne reste longtemps impuni, et les copains, les motos, les voitures, les premières filles et sa première passion qui prit toutes les formes – le sport – eurent raison de sa première terminale. Collé au bac, malgré tous les bons résultats obtenus des années durant ! Un échec dur à avaler, mais qui le sauve puisque d’un commun accord avec son père : direction le Lycée militaire d’Autun et l’enfermement sans autre forme de procès et de distraction pour un an. Résultat : une mention très bien et la voie royale ouverte devant lui. Celle des classes préparatoires aux grandes écoles. Prytanée national militaire de la Flèche pour Maths Sup, et Lycée Chaptal pour Maths Spé A’. Des deux, il sort très bien placé. Il eut pu entrer dans plusieurs grandes écoles, certaines même plus prestigieuses, mais il opta pour celle qui le menait vers ses rêves : L’Ecole de l’Air de Salon de Provence qu’il intégra en 1967… Tout pouvait alors commencer!

Voler, enfin, voler !

Brillant élève, Patrick n’a pas de mal à suivre haut la main la filière scientifique, une chance ! Mais il lui faut abandonner ses nombreuses activités pour devenir le meilleur et intégrer l’Ecole de l’Air.
C’est chose faite en 1967 !

1967 – 1980

PATRICK BAUDRY DEVIENT PILOTE

1967 – 1969

École de l’air : Apprenti Pilote

Diplôme d’Ingénieur de l’Air et d’Officier de l’Armée de l’Air. Patrick Baudry obtient également une Maîtrise de Thermodynamique.

1970 – 1980

Patrick Baudry PILOTE de CHASSE

1970 – Patrick BAUDRY est breveté Pilote de chasse. Il pilote successivement sur Mystère IV, F100 et Jaguar avant de devenir Commandant d’Escadrille en 1975 à la 11ème Escadre de Chasse de Toul.

Jusqu’en 1977 – Patrick BAUDRY effectue de nombreuses missions opérationnelles dans plusieurs pays africains.

1978 à 1980 – Sélectionné pour suivre le cursus de l’Ecole des Pilotes d’Essais britanniques “l’Empire Test Pilot School” à Boscomb Down (Grande Bretagne), Patrick BAUDRY reçoit le Patuxent River Trophy des mains du Prince Charles. Il est ensuite affecté comme PILOTE d’ESSAIS au Centre d’Essais en Vol de Brétigny-sur-Orge où il effectue des vols d’essais sur tous types d’avions de chasse et de transport.

1980

L’AVENTURE DE LA SÉLECTION

ON RECHERCHE DEUX COSMONAUTES…

Pas spécialement très attentif aux affaires spatiales, Patrick découvre par hasard une brève note de service sur le bureau de la secrétaire du personnel navigant qui attire son attention : le CNES recrute deux cosmonautes… Cela ressemble étrangement à un nouveau défi. Terriblement motivant !

Aucune contre-indication au départ : Patrick répond aux quelques critères généraux qui étaient demandés. Il est français, âgé de plus de 25 ans et de moins de 45 ans, mesure moins de 95 centimètres assis (c’est-à-dire moins de 1,81 mètre, taille dictée par le volume intérieur du vaisseau russe Soyouz), il pèse moins de 82 kilos, est en bonne santé générale, sans antécédents médicaux incompatibles avec un vol spatial, possède une acuité visuelle supérieure à 7/10 et un diplôme supérieur (Il a fait l’école de l’Air en 1967), et travaille depuis plus de deux ans (Il est pilote depuis dix ans !).

Après s’être assuré auprès de son supérieur, le colonel Varin, que cette démarche ne lui attirerait pas ses foudres (A son âge, il aurait probablement fait pareil), Patrick prend contact avec Monsieur Vieillefosse (chef de projet du vol PVH au CNES) qui était indiqué sur l’annonce. Il reçoit trois jours plus tard le “dossier”, tout comme 400 autres candidats. Les dés sont, une fois de plus, jetés !

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Patrick Baudry déclare souvent que la première épreuve véritable de la sélection est d’arriver à bout de cet imposant questionnaire, qui passe au crible l’état de santé, les études, le parcours professionnel et la psychologie du postulant. D’ailleurs, seulement 193 dossiers furent retournés complétés au CNES, dont 26 envoyés par des femmes. La tâche, fastidieuse, lui prit bien deux journées complètes !

Le premier “filtre” fut l’examen des dossiers par une commission médicale, constituée de médecins spécialisés de l’armée de l’Air. Elle en retint 176 et les transmit au CNES qui confia à un groupe d’ingénieurs, de scientifiques et d’administratifs, l’analyse des compétences liées au travail d’un cosmonaute expérimentateur. 72 candidats, dont il fit partie, furent jugés aptes à mener des expériences scientifiques, à apprendre le russe rapidement et à suivre une préparation théorique et physique. Ils furent convoqués au CPEMPN, le centre médical de l’armée de l’Air à Paris.

Pour les pilotes (45 % des candidats encore en course), cette convocation pouvait ressembler à une visite de routine. C’est au CPEMPN qu’ils passent, en effet, régulièrement leurs visites médicales d’aptitude. Mais ce ne fut pourtant pas le cas, bien au contraire : tout d’un coup, alors qu’ils se savaient parfaitement en forme, surgissait l’angoisse qu’un paramètre varie, qu’une faiblesse ou qu’une anomalie passagère apparaisse au moment justement où le médecin allait les examiner en détail. Car il n’y avait pas de seconde chance, toute défaillance était éliminatoire et les évictions des concurrents n’avaient rien pour les rassurer : ils étaient alors tout simplement passifs et prisonniers des caractéristiques de leur propre corps. Ce fut donc avec un immense soulagement qu’il arriva au terme de cette phase de la sélection, qui dura près d’une semaine.

L’étape suivante eut lieu au laboratoire de médecine aéronautique et spatiale (le LAMAS) de Brétigny où furent mise à l’épreuve leurs capacités de résistance aux supplices du tabouret tournant. Le test fut fatal à 40 candidats tandis que les 32 “survivants” retournèrent au CPEMPN pour de nouvelles auscultations des médecins qui durèrent encore une semaine ! Immédiatement suivies de trois jours d’entretiens avec des psychologues et des psychiatres… A l’issue de ces examens médicaux et psychologiques, ils n’étaient plus que 18. Vint alors la séance de centrifugeuse à Brétigny, qui réduisit encore le groupe de 11 personnes.

Il devenait de plus en plus difficile de départager les valeureux candidats restants, alors que le CNES ne devait en présenter que deux aux Russes. Une nouvelle sélection fut donc effectuée, plus intellectuelle que physique, afin de ne garder que 5 finalistes : Jean-Loup, Gérard Juin (pilote de ligne d’Air France, et ancien pilote de chasse de l’Armée de l’Air), Jean-Pierre Job (Commandant de l’escadron Normandie-Niemen et ancien leader de la Patrouille de France), Françoise Varnier (universitaire et pilote de planeur) et… Patrick Baudry.

Les choses s’accélérèrent – enfin – fin février 1980 puisqu’il fallut mener de front l’apprentissage du russe (avec 5 professeurs infatigables qui les suivaient partout) et qu’ils se familiarisent avec les techniques spatiales et le programme d’expériences. Durant 15 jours, « Le Club des Cinq » effectua des sauts en parachute à Pau. Jean-Loup et Françoise se cassèrent la jambe, Gérard se fit une entorse, mais ces accidents ne furent pas éliminatoires et lorsque la commission médicale russe vint à Paris les rencontrer, elle ne retint que les quatre hommes.

Ils partirent alors pour la Cité des Etoiles, dans la banlieue de Moscou. Leur arrivée semblait attendue, car, dans leurs souvenirs, ils s’étaient sentis épiés, un peu comme des bêtes sauvages et curieuses. Il faut bien se figurer que c’était alors l’époque de l’Union Soviétique, et que celle-ci venait d’envahir l’Afghanistan. Et, ils étaient, et restaient, aux yeux des Russes, quatre officiers (ou ancien officier ) de l’Armée de l’Air…Trois jours durant, ils durent subir des examens “complémentaires” qui consistaient tout simplement à confirmer les résultats obtenus par les spécialistes français, à quelques variantes près (une balançoire avait remplacé le tabouret tournant). Le séjour au prophylactorium se termina par une cérémonie très solennelle et émouvante : tout le gratin de la cosmonautique soviétique vint leur remettre leurs diplômes attestant de leurs capacités à voler dans l’Espace. Une fois acceptés, ils allaient bientôt découvrir la chaleur de l’hospitalité et du cœur des russes qui allaient devenir leurs amis. Mais il fallait encore écarter deux d’entre eux et un seul volerait au final sur ce premier vol !

La décision finale fut prise par le CNES le 11 juin 1980. Jean-Pierre et Gérard y avaient crû, jusqu’au bout, et furent félicités pour l’excellence de leur candidature. Ils furent, cependant, les derniers éliminés. Jean-Pierre Job était certainement le meilleur d’entre eux, mais la joie de Jean-Loup et celle de Patrick eurent raison tous leurs autres sentiments. Ils se mirent alors, aussitôt, à préparer leur départ vers ce qui allait être un entraînement dur mais merveilleux, avec des gens exceptionnels, à la Cité des Etoiles.

Le 24 juin 1982, Jean-Loup décollait de Baïkonour. Il emportait avec lui les efforts et les rêves de tous les membres d’une équipe, français et russes confondus, qui avaient tout donné pendant deux années pour que ce Premier Vol Habité soit un grande réussite. Il le fut sans conteste !

1982

LA CITÉ DES ÉTOILES

PATRICK DEVIENT COSMONAUTE

Avec son arrivée à Moscou, en URSS à l’époque, Patrick Baudry porte le titre de Cosmonaute. Il apprend à le mériter en tous cas. Sélectionné par le Centre National d’Etudes Spatiales pour former le premier groupe de cosmonautes français, il a suivi l’entraînement de rigueur des cosmonautes soviétiques à la Cité des Etoiles près de Moscou, jusqu’en 1982.

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Membre du deuxième équipage pour le premier vol spatial franco-soviétique, doublure de Jean-Loup Chrétien, il a été formé pour effectuer des expériences scientifiques dans des domaines tels que la physiologie, la biologie, l’astronomie, l’astro-physique et l’élaboration de matériaux dans l’Espace. Qualifié pour voler sur le vaisseau spatial russe, il est tout aussi apte que tous ses autres camarades à partir dans l’Espace. Mais ce sera, comme cela était prévisible – il est extrêmement rare que la doublure parte à la place du sélectionné – Jean-Loup qui ramènera à Patrick ses premières impressions de l’Espace avant que celui-ci n’aille tutoyer les étoiles. Chaque chose en son temps, Patrick partira bientôt. Mais avant cela, étant devenu un peu russe-soviétique- il lui faudra laisser ses nouveaux amis sur place et apprendre quelques unes des habitudes fondamentales de vie d’un peuple bien différents : les Américains des années 80 !

En route pour HOUSTON, TEXAS, aux USA !

LE JOHNSON SPACE CENTER

1982 - Juin 1983

Retour en France

Patrick Baudry rentre en France et maintient un entraînement sportif de haut niveau. Il effectue alors, comme cela est la règle, le compte-rendu du vol avec les soviétiques et prépare, en parallèle, mais non moins activement, le premier vol Franco-américain dont la décision est prise en mars 1983.

Juin 1983 - 1985

Astronaute

Patrick BAUDRY est ensuite sélectionné pour voler à bord de la navette américaine, et s’entraîne à Houston, au Texas, au Johnson Space Center, Centre d’entraînement des astronautes américains, durant près de deux années. Jean-Loup devient alors la doublure de Patrick, il n’allait tout de même pas laisser son camarade “des Campagnes de Russie” ne pas savourer avec lui les joies toutes nouvelles des découvertes texanes !

Patrick prépare, alors, tout d’abord, un vol à bord de Challenger (Mission 51 E), annulé pour des raisons techniques après une dizaine de reports de tir. Il vole finalement sur Discovery du 17 au 24 Juin 1985, décollant de Cap Canaveral en Floride et atterrissant sur la Base d’Edwards en Californie, après quelques problèmes survenus pendant le vol et les empêchant de se poser en Floride comme le veut la procédure courante. Double casquette pour ce vol : spécialiste de charge utile et responsable d’un programme scientifique et médical (adaptation cardio-vasculaire et physiologie neuro-sensorielle), il fait l’apprentissage de l’Espace, cette fois-ci, dans la réalité ! 7 jours entre Ciel et Terre à travailler, partager avec ses compagnons de vol la plus extraordinaire des aventures. Pionnier de l’Espace – très peu de non russes ou non américains ont volé à cette époque – , il savoure chaque vision de la terre, notre berceau, qu’il peut arracher au temps et au hublot !

ENTRE CIEL ET TERRE

EN ROUTE VERS LES ÉTOILES…

Il aura fallu l’accident de Challenger, l’annulation du vol qu’il devait faire sur cette même navette, les adieux à ces camarades avec lesquels il s’était préparé à partir dans l’Espace, et 13 reports de tir pour qu’enfin, quarantaine achevée, Patrick Baudry et son nouvel équipage puissent monter dans ce sacré bus et qu’ils se rendent au pas de tir.

Ceux qui le suivent de loin en loin savent bien que personne ne l’a jamais vu aussi souriant que durant ces instants-là ! 39 ans, et pourtant un vrai petit garçon devant une vitrine contenant tous les plus beaux jouets dont il aurait rêvé et qu’il aurait pu avoir d’un seul coup. A cet instant, avançant sur le tarmac du bâtiment de la quarantaine au bus, coiffé de son béret un tantinet franchouillard, puis du bus à la navette, il était redevenu le petit garçon qu’il avait été, bien des années plus tôt, devant ce vélo qu’il avait dû attendre si longtemps avant que ses parents aient pu le lui acheter. Les sensations en plus ! Et côté sensations, il allait être gâté ! Il avait simplement appris de son père que, pour mieux les apprécier, les choses ont plus de prix quand elles sont longuement attendues, et, cela avait été largement le cas !

39 ans, quelques jours de plus, et, … 9 minutes plus tard, il volait, enfin, hors de cette atmosphère que l’on avait si longtemps crue infranchissable.

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Le départ, couché, prisonnier du scaphandre, et, déjà, l’envie de témoigner. Un micro accroché aux lèvres dans le casque, les mots hachés par les vibrations titanesques, arrachés pourtant un à un à la conscience pour ne rien perdre des sensations et les partager, en temps réel… Puis, le professionnalisme, bien sûr, la rigueur militaire adoptée des années durant. Les premiers instants dans la navette, la Terre, sa planète admirée, neuve sous son regard. Et, sans plus attendre, la mise en état de la navette pour 7 jours entre Ciel et Terre pour 7 compagnons qui allaient vivre, ensemble, dans moins de 7 mètres carré.

Les expériences, le travail commun, les courtes pauses repas ( il faut dire que cela manquait de saucisson et de vin rouge !), les expériences à faire, le travail encore en lançant 3 satellites dans l’Espace, 1 ou 2 réparations de la navette. Patrick apprenait là que, finalement, voler dans l’Espace dans les années 80 était une routine bien rôdée. Mais, là, c’est lui qui volait. Pas ses camarades qu’il avait vu partir avant lui en Russie, ou même aux USA, et cette expérience, il pourrait, à son retour, véritablement la partager avec eux. Savoir, vivre, comprendre et, …restituer pour ceux qui n’y étaient pas allés et qui n’auraient jamais cette chance folle qu’il vivait là. Pas comme ce pauvre qui, pour avoir un peu trop bu et avoir été un peu trop démonstratif avec l’un de nos dirigeants français de l’époque, serait interdit de vol par les communistes (KGB).

Son plaisir ne fut pas boudé pour autant. Il savoura chaque petite minute dont il pouvait disposer. Dans le silence de la nuit factice, recréée comme sur Terre, Patrick « se relevait », ou plutôt, décrochait une main ou un pied d’un tiroir, et volait au hublot. Là, photographiant ou admirant, il reconnaissait sa géographie patiemment apprise à l’école, mais cette fois, « en vrai ». Quelques moments volés au temps pendant les 8 heures de sommeil tout à fait arbitraires puisque le soleil se levait et se couchait 16 fois par jour, écoutant dans son walk-man Supertramp et prenant tout ce qu’il pouvait ramener avec lui, l’aventure finie, de souvenirs et de sensations.

7 jours de pur plaisir à voler mieux que toutes ces fois où il avait pris son avion, un avion, qui, quel qu’il ait pu être, avait toujours été poussé à ses limites. Cette fois ci, c’était un autre vol, doux, pur, calme, serein. Mais tous les rêves ont une fin. Les 7 jours avaient vraiment passé trop vite. Il y avait bien eu quelques petits problèmes techniques miraculeux, prolongeant, par miracle, ce voyage fabuleux. Et, le retour ne se ferait donc pas à Houston, mais à Edwards en Californie. Cela avait un peu rallongé la chance ! Remise en ordre de la navette, contact retour avec la Terre, mise en place de la navette sur son orbite de retour, désorbitation, black-out et 9 minutes à l’envers pour revenir, traversant le feu brûlant, vers cette planète terre-planète mère, qu’il considérait désormais, comme Tiolkovski, comme son berceau. Mais, comme l’avait si bien noté ce savant – sans être allé dans l’Espace – qui peut vraiment avoir envie de passer sa vie dans son berceau ? Patrick Baudry n’a pas eu la chance de revoler. La France, dans ce domaine est un pays pauvre – elle doit payer ses vols n’ayant pas ses moyens propres pour envoyer un homme dans l’Espace – et, à l’époque en tout cas, un pays sincère : un homme qui a volé revole rarement. Les places sont chères et d’autres le méritent tout autant.

Pourtant, l’aventure ne s’arrête pas là. Premier à récupérer dans la navette redevenue un simple avion parmi les médecins montés à bord, vif à la descente de l’échelle, et, déjà, plein de projets. Dans un enthousiasme contagieux, il avait décidé que la France, elle aussi, pouvait voler de ses propres ailes, dans… l’Espace. Et, qui pouvait,mieux que lui, piloter un bel avion spatial européen qui continuerait ce que tous ses amis russes et américains avaient si bien entamé avant lui ? Patrick Baudry était forcément candidat. Plus que candidat, il était acteur de ce projet et allait tenter tout ce qui était en son pouvoir pour se donner les moyens de ses rêves coûteux, mais, ambitieux.

1985 – 2003

PILOTE D’ESSAIS POUR L’AEROSPATIALE

PROGRAMME HERMES ET AIRBUS

Après son vol spatial en 1985, Patrick Baudry est entré à Aérospatiale, Maître d’œuvre industriel d’Hermès, en tant que pilote d’essais du programme de l’avion spatial européen. Il a créé le Space Camp Européen près de Cannes qui a accueilli plus de 10000 jeunes de 1989 à 1992. Il est aujourd’hui pilote d’essais à Airbus Industrie et Président du groupe scolaire Acadis, tout en oeuvrant dans plusieurs pays africains en tant qu’Ambassadeur de bonne volonté de l’UNESCO pour la Paix, les enfants.

Riche de ces deux expériences (soviétique et américaine), Patrick BAUDRY est devenu expert en la matière des activités de vols habités et des activités spatiales internationales, parlant couramment l’Anglais et le Russe. Il est alors nommé conseiller du Président et Ingénieur développement pour les Vols Habités auprès du Président d’Aérospatiale. Il participe au programme HERMES en tant que PILOTE d’ESSAIS de l’avion spatial européen, jusqu’à l’arrêt de ce programme en 1993. Il devient également, en parallèle à ces activités déjà prenantes, président de la commission « Jeunes » pour le 10ème plan (1987-88).

A l’arrêt du Programme HERMES, Patrick BAUDRY devient pilote d’essais pour AIRBUS et participe aux essais et au développement de la flotte d’avions permettant à AIRBUS de devenir le premier constructeur aéronautique mondial. Il a présenté en vol les différents prototypes d’AIRBUS dans tous les grands salons aéronautiques mondiaux : Le Bourget, Farnborough, Berlin, Dubaï, Santiago du Chili, Djakarta, Moscou, etc.

Egalement pilote de ligne, instructeur et pilote professionnel d’hélicoptères, il totalisera – dans toute sa carrière – plus de 13.000 heures de vol sur quelque 300 types d’appareils différents, dont 11000 heures sur avions à réaction.

1988

Une année de raids...

LA ROUTE de la VANILLE
A bord d’un Lockheed L-18 Lodestar, avec Patrick FOURTICQ et Henri PESCAROLO, Patrick BAUDRY participe à la Route de la Vanille, course aérienne dont le départ est donné de l’aéroport du Bourget en juin 88 pour arriver à St Denis de La Réunion.
LE CAP – ALGER
Au mois de novembre de la même année, en équipage avec René METGE et Nicolas HULOT, Patrick BAUDRY et ses deux compagnons tentent de battre le record de la traversée Sud-Nord de l’Afrique en automobile, mais sont stoppés en fin de parcours. Etant partis d’Afrique du Sud, l’entrée en Algérie leur est interdite par les autorités.

1989

Une année à part

Création du SPACE CAMP Européen
C’est en 1989, animé par un désir qui ne le quittera plus de donner toujours plus et toujours mieux à la jeunesse qui fera le Monde de demain, que Patrick BAUDRY conçoit et crée en Juillet 1989 le premier SPACE CAMP EUROPEEN, centre d’Initiation aux activités spatiales et reçoit le PRIX du CLUB de l’ESPACE pour cette réalisation exemplaire après 3 années d’activité. Le Space Camp Patrick Baudry de Cannes Mandelieu accueille de 1989 à 1993, plus de 10 000 jeunes et devra, hélas, fermer faute de soutien politique.
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1988

Une école d'exception

ACADIS
Patrick BAUDRY ouvre également, à titre d’initiative privée, un collège et lycée pilotes à Bordeaux – ACADIS – qui a pour but, travaillant sur des classes à effectifs réduits, de sauver les élèves les plus en difficulté comme les plus avancés, tous ceux qui ne trouvent pas leur place dans le système scolaire classique. Là encore, les financements privés s’épuisent, l’appareil politique local ne suit pas et ACADIS ferme ses portes à la fin de l’année scolaire 2002-2003.

1990

Encore

Le RUBAN BLEU
Patrick BAUDRY participe à la tentative de battre le record de la traversée de l’Atlantique, RUBAN BLEU – Blue Ribbon – organisée par Roger CAILLE, Président de Jet Services. Le navire est conçu à Vannes par les Chantiers Multiplast, et son équipage composé de Serge MADEC, Olivier DESPAIGNE et de Patrick BAUDRY emmène un passager payant. L’opération « JET RUBAN BLEU » a pour mission la traversée de l’Atlantique en moins de trois jours avec un bateau à moteur. Le record venait d’être établi la semaine d’avant par le catamaran « Geat Britain » en trois jours et huit heures, soit 36 noeuds de moyenne (66,67 km /h), le précédent ayant été détenu par le bateau américain « United States » en trois jours, douze heures et douze minutes, en1952. Pour réaliser cet exploit, les concepteurs du projet envisagent une vitesse de croisière de 45 noeuds (plus de 80 km/h) ! « Il va falloir se sortir les tripes pour battre ce record », déclare alors le spationaute Patrick BAUDRY, navigateur de l’équipage, « …Nous devrons subir des contraintes similaires à celles que nous connaissons dans l’Espace, notamment une très grande résistance au sommeil. Nous aurons une alimentation de type spatial. Et, en cas de gros pépins, mon expérience sera très utile pour assurer notre survie ».

1998

Sur les traces de l'AEROPOSTALE

Afin de rendre hommage aux aviateurs français qui, avec MERMOZ et SAINT-EXUPERY, ont été à l’origine du transport aérien moderne, Patrick BAUDRY entreprend avec Patrick FOURTICQ et Franklin DEVAUX, de suivre la route mythique de l’Aéropostale de TOULOUSE MONTAUDRAN à SANTIAGO du CHILI à bord d’un Catalina « PBY » des années 30. L’aventure est portée par toute une équipe de passionnés, et structurée autour d’un projet pédagogique qui permet à quelques milliers d’enfants des pays traversés (France, Sénégal, Brésil, Argentine et Chili) de vivre le périple en direct et d’animer toute leur année scolaire.

1999

Ambassadeur

de bonne volonté de l’UNESCO

Patrick BAUDRY se voit alors décerner la distinction d’Ambassadeur de bonne volonté de l’UNESCO, Envoyé spécial pour la PAIX et les ENFANTS par Fédérico Mayor, Directeur Général de l’Unesco.

2000

Patrick BAUDRY devient, membre du Comité Executif de la « Fondation pour la trêve olympique » (C.I.O – Comité International Olympique) et de l’Université Virtuelle Africaine (UVA), diplômant par télé-enseignement de jeunes africains dépourvus de moyens financiers mais dont l’excellence n’est plus à prouver.

2000 – 2009

RETOUR AU PRÉSENT

Patrick BAUDRY Consultant

Patrick Baudry, en contact permanent avec ses amis Astronautes et Cosmonautes, ne reniant jamais ses origines de Pilote de combat, devient consultant privé en Activités Spatiales et Aéronautiques pour de grandes firmes russes ou américaines, la France et l’Europe ne s’investissant toujours pas dans de grands projets de vols habités.

Patrick BAUDRY Écrivain

Voulant également partager cette expérience unique qui fut la sienne, faisant partie du cercle très fermé des quelque 500 Astronautes-Cosmonautes-Taikonautes et Spationautes terriens, Patrick BAUDRY se consacre de plus en plus aux OUVRAGES de TEMOIGNAGES et de REFLEXION ENGAGEE sur l’état actuel de la Conquête spatiale. Il n’a jamais cessé d’écrire depuis 1982, avant même de partir dans l’Espace.

Reconnu comme écrivain, il reçoit en Mars 2003 le GRAND PRIX Littéraire de l’ARDUA, (Association littéraire bordelaise qui a primé, avant lui, Bernard CLAVEL, Christine de RIVOYRE, Philippe LABRO, etc. ).

En 2004, son œuvre littéraire fait l’objet, à la BIBLIOTHEQUE de BORDEAUX, d’un COLLOQUE de deux journées d’études, colloque exclusivement réservé à des professionnels de la littérature.

Ces dernières années, Patrick BAUDRY, notamment pour ses deux derniers ouvrages – Trois hommes dans l’Espace et Carnet d’un voyage spatial – est l’invité répété de nombreux Salons du Livre et manifestations littéraires partout en France.

Patrick BAUDRY Conférencier

Il donne, tant en France qu’à l’Etranger de nombreuses conférences, bénévoles pour les enfants, rémunérées pour les particuliers et les entreprises sur son vol spatial. Il en profite pour valoriser les valeurs universelles et terriennes que sont la prise de risque, le sens de l’engagement, le travail en équipe, la gestion du management, en n’oubliant jamais, toutefois, de sensibiliser le plus grand nombre – depuis longtemps maintenant – aux dangers climatiques et énergétiques qu’encourt notre berceau, la planète Terre.