Patrick naît à Douala, au Cameroun, le 6 mars 1946. C’est donc sur la terre d’Afrique qu’il fera ses premiers pas. Lorsqu’il naît, il fait déjà partie d’une petite famille bien organisée. Ses parents, tous deux enfants de coopérants se sont connus au Cameroun. Roger, son père travaille tout à côté des pistes de l’aéroport en tant qu’ingénieur météorologiste et Odette a épousé Roger après que son père l’a eu ramenée de la pension dans laquelle elle étudiait en France pour rejoindre les siens. A Douala, Liliane et Nicole, les deux sœurs aînées de Patrick sont déjà nées et se révèlent, dès sa naissance, toutes prêtes à jouer les mères « supplémentaires ».
C’est compter sans le caractère du petit Patrick. Sa mère se rappelle d’un bébé avec – déjà – un solide appétit ! Mais ce qui marque la famille, encore aujourd’hui, c’est que dès que Patrick a pu marcher, il s’est mis à…courir, gambader, sauter, traverser, escalader ! Déjà il cherchait à aller plus loin, plus haut. Celui qu’elles avaient surnommé – il était alors le seul garçon de la famille – Petit Prince – sans savoir qu’elles avaient là une sorte de réflexe prémonitoire, allait bientôt se découvrir une passion pour un beau terrain de jeux à sa portée : les pistes d’aviation qu’il fallait traverser pour aller jusqu’aux bureaux de la météo de son père. Tout le monde cherchait tout le temps Patrick, mais, bien vite, ils surent tous où le retrouver. Et, cela ne déplaisait pas vraiment à son père de voir ce petit gamin intrépide dans les parages. Déjà, il écoutait avec plus d’attention les pilotes à la radio et il traînait sur le tarmac pour voir de plus près ces beaux avions qui le faisaient rêver.
Une fois, pourtant, son père a eu réellement peur. Patrick avait grandi, et même s’il ne parvenait pas à atteindre les pédales de la voiture de service de la météo, son père avait fabriqué un système pour qu’il puisse la conduire. Mais jamais il n’avait été question qu’il conduise…seul ! Cela le tenta pourtant, et… il le fit ! Son pied dérapa et c’est l’aile d’un avion qui lui apparut très proche. Ce ne furent pas là les dernières remontrances de son père ! Patrick continua pourtant ainsi et fut très attiré par tout ce qui pouvait lui permettre d’aller plus vite. Il attendit, tout d’abord, très longtemps son premier vélo qui lui valut, lui aussi, quelques bonnes bûches mais aussi de longues heures de liberté incomparables ! Il les vécut à Casablanca puis à Alger où toujours traînant en route à la recherche de quelque coup pendable, il manqua de peu pourtant le bus qui devait le ramener à la maison et qui fut victime d’un attentat à la bombe ce jour là…. Il était donc certainement écrit qu’il devait poursuivre ses investigations sur les différents moyens d’aller toujours plus loin, plus vite, en France, par exemple, où le métier de son père, toujours, les ramena tous en 1956 . A peine 10 ans, et, le vélo ayant déjà parcouru un tas de kilomètres, il rêva des motos lues et relues, fiches techniques apprises par cœur dans les magazines. Il essaya d’abord celles des amis, plus vieux que lui, avec lesquels il traînait du côté de Lacanau. La famille s’était agrandie entre-temps de Chantal et de Philippe, les deux petits derniers, et s’était établie à Eysines, près de Bordeaux, dans le Sud Ouest. Il allait mettre de longues années à retrouver Lacanau, mais cela se ferait, comme tout dans sa vie…à son heure. La bonne !
Moto, vélo, emprunts divers de voitures sans vraiment en avoir l’âge, son père dût quelques fois tenter de calmer un garçon juste un peu plus vivant que les autres ! Sans grand succès !
Enfin, que pouvait-il vraiment dire ? Patrick était premier, en tout, et cela agaçait tout de même pas mal de ses camarades de Grand Lebrun, l’institution religieuse de Bordeaux-Caudéran où il fit tout son secondaire. Premier partout, avec l’admiration de ses professeurs dans la voix même lorsque, n’ayant pas besoin de trop d’attention pour intégrer le cours, il faisait voler des avions en papier dans le cours de physique où, d’ailleurs, …il excellait !
Cependant, rien ne reste longtemps impuni, et les copains, les motos, les voitures, les premières filles et sa première passion qui prit toutes les formes – le sport – eurent raison de sa première terminale. Collé au bac, malgré tous les bons résultats obtenus des années durant ! Un échec dur à avaler, mais qui le sauve puisque d’un commun accord avec son père : direction le Lycée militaire d’Autun et l’enfermement sans autre forme de procès et de distraction pour un an. Résultat : une mention très bien et la voie royale ouverte devant lui. Celle des classes préparatoires aux grandes écoles. Prytanée national militaire de la Flèche pour Maths Sup, et Lycée Chaptal pour Maths Spé A’. Des deux, il sort très bien placé. Il eut pu entrer dans plusieurs grandes écoles, certaines même plus prestigieuses, mais il opta pour celle qui le menait vers ses rêves : L’Ecole de l’Air de Salon de Provence qu’il intégra en 1967… Tout pouvait alors commencer!